Débat et décryptage avec Edgar Grantot, Fondateur de Cashiswine.
Edgar Grantot est spécialiste du vin depuis plus de vingt ans. Il a conçu un algorithme qui redonne de la valeur aux vins en l’absence de prix de référence.
Que faire des bouteilles de vin que je ne compte pas boire ?
Je cherche à en céder quelques-unes voire la totalité.
Les Grands Crus bénéficient d’une « côte officielle » basée principalement sur le résultat des ventes aux enchères mais ils ne représentent seulement que 4% des vins mis sur le marché chaque année. Pour tous les autres vins, le prix d’achat reste la seule référence à condition, bien sûr, d’en avoir conservé la facture. Au-delà d’un certain nombre d’années, qui peut dire quelle est la valeur réelle d’un vin de vigneron indépendant, d’un vin de négociant, voire d’un vin biologique ?
Pourtant, ce sont bien ces vins que l’on retrouve dans les caves des particuliers. Les Grands Crus ne sont pas à la portée de toutes les bourses. Pour remettre en circulation ces vins qui dorment dans les caves, Edgar Grantot a conçu un algorithme pour déterminer précisément le prix d’une bouteille. En effet, le prix est un élément déterminant pour déclencher, chez les particuliers, la décision de vendre un vin ou pas. Bien souvent, ils n’ont même pas conscience que leurs vins ont encore de la valeur, les pensant trop vieux pour être bus.
Comment estimer mes vins à leur juste prix ?
Comment se repérer dans la jungle des étiquettes ?
Edgar Grantot précise que plusieurs paramètres entrent dans l’algorithme de calcul :
- La provenance : région, appellation et domaine. Les vins de Bourgogne et de Bordeaux bénéficient d’une bien meilleure notoriété par rapport à n’importe quel autre vin.
- La qualité du millésime : une note est attribuée chaque année pour déterminer la qualité d’un millésime d’une appellation. Celle-ci fixe la tendance générale sur la qualité des vins d’une année sur l’autre.
- Les conditions de production : Le processus de vinification et le choix de l’obturateur se font en fonction du type de vin que le producteur entend commercialiser. Cela nous fournit une indication sur le potentiel de garde des vins.
- Les distinctions : Le vin a ses guides et ses sites de référence qui font la pluie et le beau temps. Les acheteurs leur font confiance, impossible donc de les ignorer.
- L’intérêt des consommateurs : Les critères de choix dans l’acte d’achat évoluent en fonction des tendances. Les consommateurs indiquent vouloir tout savoir sur ce qu’ils ont dans leur verre et d’où vient le vin. Les vins biologiques et naturels ont le vent en poupe.
Et la spéculation dans tout cela ?
Le vin est tendance, à la fois dans nos verres et dans les salles des ventes. Les consommateurs en redemandent. Le vin est à son apogée et ne connait plus de frontières, il traverse les océans avec des prix qui s’envolent. La Chine, la Russie et les autres pays émergents s’émerveillent devant les bouteilles de Bordeaux et de Bourgogne, puis tirent les prix vers le haut.
Le vin est devenu un placement à part entière. Désormais, on investit dans le vin comme on investit dans la pierre. Le vin est devenu un actif exotique sans aucune régulation où l’on vous cache souvent le vrai risque. La cave n’est plus chez soi mais en ligne. Plutôt que de vendre et d’acheter au gré des envies, on se pose des questions. Est-ce le bon moment pour vendre ? Cela vaut-il la peine d’attendre pour viser un meilleur prix ? Risque-t-il de s’effondrer à la prochaine crise économique ?